x Freshmint illusion - PV

Titania se tenait là, immobile, en face du noir, le dos tourné. Elle profitait des derniers rayons du soleil hivernal, tandis que l'astre solaire se couchait derrière les hautes cimes embrumées de la forêt. Les yeux fermés, toute sa robe brillament éclairée par l'astre agonisant, et cette lumière faisait presque mal aux yeux. Une légère brise fit flotter un instant ses crins, nimbant son encolure d'un halo argenté. Mais l'enchantement était brisé ; une odeur bien trop connue était parvenue à ses sinus. Elle écarquilla les yeux, retenant son souffle, sans oser se retourner. Serait-ce... lui ?

Mais ce n'est pas sa soeur =oooo
Se mordant fortement les lèvres, elle osa un regard en arrière, et se figea à nouveau, les yeux perdus dans les prunelles envoûtantes du noir. Ainsi, il était de retour. Après tout ce temps ? Après l'avoir ignorée, rejettée inconsciemment, causant la plus forte douleur qu'elle avait jamais éprouvée, comme si son propre coeur se fragmentait soudain en un millier de morceaux de fragile glace transparente ? Titania n'était même pas sûre de vouloir rester. Lui parler. Lui qui avait aimé November, qui l'avait trahie, sans le savoir. Qui avait envoyé voler le seul amour sincère qu'elle ait jamais éprouvé. Et pourtant, elle restait là, ses yeux froids fondant à la vitesse de la lumière, plantés dans les océans insondables des yeux d'Antarès.

tu m'inspires
Elle s'était perdue dans les méandres de ces iris sans fond, chauds, envoûtants, tellement accueillant qu'elle aurait voulu se glisser entre les méandres de marron doré qui parsemaient ses prunelles pour ne plus jamais reprendre contact avec la réalité. Les paroles qu'il prononça, si anodines, si franches, si simples, lui mirent presque les larmes aux yeux. Oui, il ne la connaissait pas, n'avait même jamais entendu parler d'elle. Trop timide, elle n'avait jamais voulu lui avouer son amour. Ou n'avait jamais vraiment pu ? Car November avait tout fait pour l'en empêcher, jusqu'à lui ravir sous ses yeux torturés. " Ravie, Antarès. Titania. " Pour une fois, elle n'avait pas balbutié. Peut-être était-ce l'émotion qui l'étreignait, cet étrange mélange de pure joie, et de malheur sans fond, tellement violent qu'elle avait du mal à le ressentir à nouveau. Faudrait-il ressentir tous ces sentiments pour vivre normalement ? Si c'était la solution, Tania préférait encore s'exiler. Ou s'abandonner aux yeux du noir, dans le plus pur secret, seule avec sa tristesse et sa passion muette.

Purple ça doit être mon plus beau RP jusqu'à maintenant
Bisous, bonne nuit
Son coeur cessa de battre dans sa poitrine, avec douceur, comme un oiseau qui se serait envolé de sa branche dans un délicieux silence étoffé du crépitement d'une légère pluie printanière. Elle faillit, trébucher, mais se reprit au dernier moment, perdant contact un simple instant avec les yeux d'Antarès. Tout de suite, ce fut comme un vide, un manque. On ne se rend compte de ce qu'on a que lorsqu'on l'a perdu, à ce qu'on dit. Titania se rendit compte à l'instant de la vérité profonde du proverbe. Le simple fait qu'il lui montra sa sincérité en courbant l'encolure devant suffisait à diffuser une chaleur tiède dans tout son corps, comme si on l'enveloppait d'un coton. Elle n'entendait plus rien, même pas, les chants timides des oiseaux, juste les mots du noir, et ne voyait que ses lèvres, son visage, son corps. Mélange extrême de perfection et d'humilité. " C'est... magnifique. " Evoquait-il la nature, si belle dans cet agonie hivernale, son prénom, pourtant si dur et si tranchant à ses oreilles, ou encore mieux, son corps, étincelant sous la lumière de l'astre ? Ca lui semblait si impossible, si inimaginable, comme la simple présence de l'étalon en face d'elle. Ici, impossible n'existe pas. " Merci... " Sans savoir quoi dire, s'abandonnant pour une fois à son instinct, elle plongea à nouveau ses yeux dans les yeux de l'étalon, résistant à l'attirante proposition d'oubli et d'éternel bonheur que recelaient ces vagues tièdes, en lui exprimant tout ce qu'elle ne pouvait lui dire, tout ce qui était au-delà des mots. Peu importait qu'il comprenne tout ou non, le simple fait de laisser libre cours à ses sentiments rendait Titania ivre de joie, plus rayonnante qu'elle ne l'avait jamais été, avec le plus beau de ses sourires.

Hmmm, bof mais merci
Is your house really a home when the one you love is gone ?
Evidemment, il ne comprenait pas. Cette conclusion ne surprit pas la blanche, mais s'enfonça tout de même dans son coeur comme un couteau pointu, forgé dans la plus dure et la plus froide des pierres. Etait-elle destinée à toujours se contenter d'un amour sans retour ? Le doute que ressentait Antarès l'aurait profondément vexée, mais heureusement elle n'en avait pas connaissance. La grise était complètement envoûtée par son regard mystérieux et chaud, et s'en arracha à contrecoeur, en hochant néanmoins la tête, sans un mot, pour le suivre flanc contre flanc. Chaque contact de sa peau lui arrachait un frissonnement incontrôlé, et des pensées les plus incongrues, pour son esprit si pur et si peu habitué à être témoin d'une passion aussi forte. Pendant qu'ils marchaient ainsi, côte à côte, la blanche se rendit soudain compte de l'impossibilité de son amour. Antarès avait été avec November, ne la connaissait pas, devait la considérer comme une parfaite étrangère, une jument excentrique. A ces pensées, elle s'affaissa, une petite larme menaçant de rouler sur sa joue. Elle se souvint de la joie mauvaise de November, quand celle-ci pavanait aux côtés du noir, subjugué par son charme et sa beauté. Avait-il seulement fait attention à elle, croisé son regard ? Ou l'avait-il méprisé, tout comme November ? Peut-être même qu'elle avait médit sur Titania. Elle ne le saurait jamais, et serra les dents de rage, tandis que la larme se décrochait lentement de ses cils avant de s'échouer sur sa joue tendre.

Les yeux toujours baissés, elle crut qu'elle allait mourir quand il colla sa tête à la sienne, arrêté à peine à quelques centimètres d'elle. Pourquoi les oiseaux continuaient-ils de chanter ? Pourquoi le soleil brillait-il encore, pourquoi la Terre continuait-elle de tourner ? Pourquoi ne s'était pas réduite en cendres à la seconde où il l'avait effleurée, en provoquant ces frissons si horriblement délicieux ? Mais par rapport à ses paroles, ce ne fut rien. Elle réagit immédiatement, en sanglotant encore plus, silencieuse, dos au mur. Elle ne pouvait rien faire, rien dire, sans quoi l'étalon la laisserait et écourterait ce moment, certes si embarassant, mais sûrement le plus beau de sa vie. Enfin, enfin, Antarès faisait plus attention à elle qu'à un quelconque chêne. La blanche retint ses larmes, juste pour satisfaite le noir. Elle serait allée se noyer s'il l'avait demandé gentiment. Peu à peu, ses sanglots cessèrent, et elle releva la tête, se noyant à nouveau dans les iris insondablement calmes du noir.

Elle nageait en plein rêve, c'était sûr. Autrement, comment aurait-elle put être aux côtés de celui qu'elle avait toujours aimé, si proche de lui, pendant qu'il séchait les larmes qu'il avait inconsciemment fait couler, et surtout, sans se sentir mal le moins du monde ? Au contraire, elle se sentait extrêmement bien, comme si elle volait, ou si elle était au plus profond des océans, et se promenait au gré des courants. Titania n'osa pas bouger, pensant que si elle esquissait ne serait-ce qu'un geste, Antarès s'envolerait comme une utopique illusion, si hors d'atteinte. Elle finit par le suivre lentement, les yeux rivés sur sa silhouette noire qui se balançait lentement pendant qu'il marchait. Les oiseaux chantaient encore faiblement, mais elle ne les entendait pas. Elle voyait seulement les rayons agonisants du soleil s'accrocher, comme des perles, aux crins d'Antarès.