Be free ~

Transylvanie finit par ralentir, ses poumons la brûlant douloureusement. Si elle n'avait rien à envier au plus rapide des coureur, son endurance laissait quelque peu à désirer. Se promettant d'y travailler, elle secoua l'encolure, faisant voltiger ses fines mèches noires. Elle faisait partie de ceux que l'on déteste adorer et que l'on adore détester, elle en était parfaitement consciente. Tout en elle exsudait la grâce et le raffinement. Une fine pellicule d'écume recouvrait sa robe noire au niveau du poitrail et de l'encolure et, pourtant, elle ne paraissait pas moite, dégoulinante de sueur tiède ; elle paraissait avoir terminé de galoper une longue distance, simplement, en douceur, et l'on ne pouvait s'empêcher d'admirer sa carrure si frêle, son visage si délicat. Sylvane était une créature hors du commun, et le seul problème posé par cette plastique si fascinante était le personnage qui se cachait derrière.
Transylvanie redressa finalement la tête, balayant le paysage du regard, avant de s'arrêter sur une silhouette blanchâtre à l'horizon. Bien que le printemps se rapprochât à grands pas, l'hiver était encore très présent, ancré dans la terre et décidé à ne pas la lâcher avant que l'heure ne soit venue ; aussi, de fines perce-neiges et de délicates marguerites côtoyaient-elles le givre craquant qui recouvrait encore la prairie. S'approchant d'un trot léger et dansant à en briser le cœur d'une ballerine, Sylvane put détailler la jument avec plus de précision. Légèrement plus petite qu'elle ( mais elle était très grande, ce qui ne donnait probablement pas une bonne échelle ), elle était recouverte d'une épaisse toison d'hiver, d'un blanc crémeux. Sa crinière, gris sombre, jouait distraitement avec le vent tandis que les prunelles noires de l'inconnue dévisageaient Transylvanie. Celle-ci s'autorisa un léger sourire ô combien captivant, ravie d'être au centre de l'attention.